Avant la sortie

Entretien avec Arthur Camboly autour de Brancalonia

Hohoho !!!

Ces six lettres assemblées au mois de décembre imposent tout de suite à l’esprit une intonation particulière, synonyme de cadeaux à la pelle, d’illuminations, de neige (mouais) et d’indigestion potentielle… Cette année, je vais faire le choix de surtout retenir l’aspect cadeaux, avec la livraison prévue pour Noël de mon pledge Dragons¹ (nul doute que les enfants seront jaloux de la place qu’il occupera sous le sapin). Je n’ai jamais été fan des grosses licences en jdr, comme Cthulhu², Star Wars³ ou Donjons et Dragons⁴… Et pourtant, contre toute attente, j’ai été conquis par la mouture proposée par le Studio Agate⁵ (bon ce n’est pas un secret, j’ai déjà parlé ici de Aventuriers et Le Grimoire en termes élogieux) de la cinquième édition de l’ancêtre (il va falloir réfléchir à une autre image pour évoquer D&D, celle-ci commence à me paraître usée).
Je m’étais penché sur le guide du joueur officiel à sa sortie par curiosité et histoire de ne pas rester ignorant, pour me dire que oui, ça avait l’air de mieux faire le job en allégeant pas mal les dernières itérations, mais n’en avait pas été plus émoustillé que ça… J’avais jeté un œil (pour les mêmes raisons) sur Héros & Dragons⁶, sans adhérer non plus.
Ensuite, j’ai levé les yeux au ciel à chaque nouveau projet estampillé « 5e compatible », effaré par la foultitude de campagnes surfant sur le succès de cette nouvelle édition (ben oui, pour faire du chiffre, faites du D&D… Enfin, c’est surtout valable dans la langue de Shakespeare). Et puis, le temps aidant, j’ai finis par reconnaître qu’il pouvait y avoir du bon dans tout ça, notamment par la faute de Neverland⁷, un magnifique setting Peter Panesque aux doux relents d’osr (très fortement axé hexcrawl) présenté sous la forme d’un immense bac-à-sable. 
Et c’est là qu’arrive Brancalonia⁸, venant souffler un vent de fraîcheur sur les propositions habituelles. Cette fois, exit l’osr, tout se joue sur la tonalité offerte par le contexte qui va se dérouler dans les pages du bouquin. Et c’est donc le Studio Agate qui va se charger de la version française de ce cadre de jeu « un peu particulier »… 
Plutôt que de continuer ma diatribe en solo, quoi de mieux que de laisser la parole à quelqu’un qui saura vous en parler d’expérience, le bien nommé Arthur Camboly, coordinateur/traducteur de la gamme au sein du Studio Agate

Salut Arthur et merci de venir nous parler un peu de ce beau bébé au fort accent italien qu’est Brancalonia. Alors dis-moi, avant de rentrer dans le vif du sujet, tu pourrais nous présenter un peu ton parcours de rôliste et comment tu en es venu à officier au sein du Studio Agate ?

Merci à toi pour ton invitation ! Difficile exercice que celui de l’introspection. J’ai jamais aimé ça, mais bon, pour toi, je vais faire un effort !
Comme dirait l’autre, je suis tombé dans la marmite du JdR lors de mes années fac : joueur puis MJ, j’ai fait mes armes sur DD 3.5 et Prophecy⁹ ; aujourd’hui, je joue à Dragons (tiens donc), 7e Mer¹⁰, Tales from the Loop¹¹ et Trophy¹², notamment. Mon truc, c’est l’univers, la narration, le drama : j’adore créer des histoires en collaboration. À mes yeux, le facteur “cool” prévaudra toujours sur les règles.
Quant au pourquoi du comment j’en suis arrivé là, eh bien c’est surtout le fruit d’un beau hasard ! Un ami (qui se reconnaîtra s’il lit ces lignes (et que je remercie encore une fois)) m’a prévenu qu’Agate embauchait des traducteurs pour les suppléments de 7e Mer Seconde édition (la boucle, toussa). Plutôt que de continuer à traduire des sous-titres pour des séries un peu bof-bof, j’ai tenté ma chance : bien m’en a pris, puisque les petits gars de chez Agate m’ont confié la moitié de Nations de Théah vol. 2¹³. Comme premier projet, y a pire !

Donc, Brancalonia arrive bientôt dans nos contrées et ça s’annonce plutôt cool. Pour avoir lu le kit d’intro, ça fait clairement envie. Comme je suis une grosse feignasse et qu’après tout je t’ai sous la main, tu nous en ferais un petit pitch, histoire de faire saliver celles et ceux qui n’auraient pas eu vent de ce que renferme la bête ?

Un petit avant goût de l’ambiance

Vache. Sont compliquées, tes questions ! Alors… Grosso modo, Brancalonia, c’est une Italie fantastico-médiévale pleine de crasse et de vin. On y joue les traîne-savates de l’aventure, de joyeux troufions et autres fripouilles sympathiques qui vont de corvée en corvée pour se payer bringues et festins.
C’est donc un univers très parodique et humoristique qui est proposé, avec moult ajouts de règles pour restituer cette ambiance si particulière la table : espèces et archétypes propres à la Brancalonie, rixes et jeux de tripots, Chemins qui ne mènent nulle part, prophéties, armes et magie de mauvaise qualité…
Si tu aimes interpréter des truands qui ne sont ni très gentils ni tout à fait méchants, qui opèrent en marge de la société, et qui veulent à tout prix trouver LE magot qui leur assurera une retraite pépère… alors Brancalonia est fait pour toi !

Il n’y a pas si longtemps que ça, j’aurais crié au scandale quant à un énième supplément (fusse-t-il l’émanation d’une boîte autre que Wizard of the Coast¹⁴) tournant sous la 5ÈME édition de D&D, tant j’abhorre la démarche dite du « système générique », que je trouve très proche d’une forme de paresse intellectuelle (voir éditoriale) venant scléroser le milieu de la création de jdr… Or il se trouve que là, j’ai trouvé ça plutôt bien pensé au final (comme quoi).

Ma question va par conséquent se décomposer en trois points :

  • Tu en penses quoi toi, des aménagements apportés par Brancalonia pour coller à son propos ?
  • Compatible 5E certes, mais quid d’une compatibilité plus spécifique avec Dragons et les options qu’il propose lui-même par rapport à D&D ?
  • Quand je parle de paresse intellectuelle, rapport aux systèmes « génériques », tu bondis au plafond ou c’est un aspect de la création de jdr qui t’as déjà chiffouillé ?

Je vais tâcher de répondre à tes questions dans l’ordre et sans trop me disperser !
Je parlais plus haut des propositions de règles : Brancalonia étant un supplément pour la 5e édition, il est entièrement compatible avec Dragons, qui est une traduction de cette dernière. Si nous n’avons pas modifié le propos des auteurs italiens en ajoutant des règles propres à Dragons (tel que le système modulaire), on peut très bien imaginer des aventures dans le monde de Brancalonia avec des espèces et des archétypes issus des ouvrages du studio. Voire, pourquoi pas, faire en sorte que les héros d’Eana¹⁵ traversent un portail ateak¹⁶… et se retrouvent en plein État-lie !
Enfin, concernant paresse intellectuelle et système générique, je suis clairement mal placé pour te répondre puisque je ne suis pas un grand consommateur de JdR. En gros, je lis et j’achète les jeux auxquels je joue ou vais jouer, à quelques exceptions près. De fait, ma connaissance des systèmes génériques est très limitée. Cependant, je dirais que, comme dans toute discipline, il faut savoir raison garder. Certains JdR qui utilisent un système générique font ça très bien et avec respect pour le matériau d’origine, comme City of Mist¹⁷ (un PbtA¹⁸, bientôt en financement VF !), ou encore Trophy Dark, qui reprend les règles de Cthulhu Dark¹⁹ et les agrémente à sa sauce. C’est, je pense, le cas de l’éditeur italien Acheron Games²⁰, qui a bâti les bases du jeu sur les règles de la cinquième et nous a sorti un univers véritablement inédit.

Soyons francs, le folklore italien n’est pas forcément le mieux maîtrisé dans nos contrées et ce en dépit de la proximité du pays. Finalement, sorti de Pinocchio (dont le générique de la série tv réussissait l’exploit de mêler extrême glauquitude et mélodie entraînante) quand j’étais enfant et des western spaghettis, on maîtrise assez mal le sujet. Alors comment selon toi, Brancalonia réussit l’exploit de paraître familier et accessible tout en étant aussi rafraîchissant ?

Haaa cette musique… Et la fée Bleue 😍

Je dirais que le public français dispose d’un avantage majeur dans l’appréhension de cet univers picaresque : ses racines latines. L’Italie, après tout, n’est pas un pays si lointain. En creusant un peu, on se rend compte qu’on en sait plus qu’on le croit sur nos voisins : il y a Pinocchio, certes, mais aussi toute l’Antiquité romaine et la Renaissance italienne, Rome et la Sicile, Socrate et Michel-Ange, Dante et Machiavel, Sergio Leone²¹ et Ennio Morricone²², la gastronomie, la musique, les arts, le rayonnement culturel. Sans parler de la langue ! Combien de mots utilisons-nous au quotidien qui ont traversé les Alpes pour atterrir chez nous ? Adagio, piano, pizza, mais aussi perruque et grotesque (pour ne citer qu’eux) qui nous viennent tout droit d’Italie.
Tiens, on connaît tous la fée bleu de Pinocchio, pas vrai ? Eh bien, Brancalonia en fait une espèce à part entière ! Pareil pour le bestiaire : qu’est-ce qu’un margutte²³, sinon l’ogre vorace qui figure dans tous les contes pour enfants ? Qu’est-ce qu’un malacoda²⁴, sinon un diable faustien tout droit issu de la Divine comédie²⁵ ? Ce qui fait la force de Brancalonia, c’est le traitement de ses idées.

À plusieurs reprises en parcourant le bouquin, je me suis dit « tiens, mais c’est Bud Spencer²⁶ ! »… et juste un peu après de me faire la réflexion que niveau générationnel, il risquait de manquer certaines clés aux plus jeunes rôlistes (lire les moins de quarante ans) pour se projeter dans cet univers. Donc au-delà du simple aspect culturel et des multiples clins d’œil que nous fait le livre, comment on opère pour s’approprier l’ambiance ? Il y a des outils, des listes de références pour celles et ceux qui n’ont pas connu les Raiders²⁷ aux goûtés des sorties scolaires (oui vous, si vous ne savez pas de quoi je parle) ?

Il y a effectivement toute une liste de références en début d’ouvrage pour aider les joueurs à s’approprier les codes du genre. Si t’es du genre à faire des tas de recherches sur un univers avant de lancer ta campagne, tu seras servi ! Des aides ponctuent également la lecture sur les différentes ambiances qu’il est possible d’insuffler dans sa partie : dark fantasy, parodique, merveilleux, tragicomédie… Même sans tout ça, le livre n’est pas si différent de n’importe quel autre bouquin de JdR : la description de l’univers a lui seul devrait te donner une bonne idée du genre de provinces qui constituent la Brancalonie, des peuples qui l’habitent, des menaces et des créatures qu’on y trouve… En plus, le tout est servi par une pléthore d’illustrations qui, au premier feuilletage, plongent tout de suite dans l’ambiance.

Pour en revenir à Bud Spencer et Terence Hill²⁸, Brancalonia colle vraiment au genre avec ses règles de Bagarre (les rixes) tout droit sorties d’un Trinita²⁹ ou Pair Impair³⁰ (haaa ces baffes légendaires distribuées à tour de bras). Je ne m’en rendais pas vraiment compte quand j’étais gosse, mais cette violence non létale participait vraiment au style granguignolesque des films du duo… On se castagne, mais ça reste bon enfant. C’est osé pour du 5e édition qui se veut majoritairement très héroïque et où les armées de gobelins et autres vilaines bestioles sont habituées à  tomber sous les coups impitoyables de héros à fortes tendances psychopathes. 
Alors à ton avis, c’est juste lié au style du jeu ou ça dénote d’un symptôme comme quoi on aurait besoin d’aller vers quelque chose de plus léger que « mon épée dans ta tronche et vas-y que ça saigne » ?

Des baffes, des tavernes… et toujours Bud Spencer

Un peu des deux, mon colonel ? À mon sens, l’intention des auteurs était clairement de se détacher des poncifs associés à la fantasy. Ça passe par des combats moins épiques, plus “gritty”, où tous les coups sont permis, mais également plus légers. J’y vois clairement une volonté de faire dans l’originalité et, surtout, de servir aux joueurs un système de jeu connu dans une ambiance novatrice. J’ignore si c’est révélateur d’un symptôme ou d’un besoin en particulier, mais dans mes cercles, on n’est clairement pas nombreux à s’adonner au jeu du “mon épée dans ta tronche”. ^^

Bon alors, c’est bien beau tout ça, mais quand on parle d’un jeu Italien (ou Norvégien, ou Tchèque…), on se questionne sur la traduction. J’ai cru comprendre que tu avais traduit à partir du texte en anglais pour arriver à cette version française. Du coup, comment est-ce qu’on travaille pour rester au plus proche du texte original sans trahir les particularités de la langue ? (Ça peut paraître con comme question, un texte étant un texte. Toutefois étant plus jeune je regardais pas mal d’animés japonais et on distinguait tout de suite ceux dont la traduction était faite sur la base des sous-titres anglais de ceux reposant sur les dialogues japonais).

Oui ben piano sur le Chianti les traducteurs, on vous a à l’œil hein !

Déjà, comprends bien que traduire, c’est trahir. Forcément. On peut être plus ou moins fidèle au texte source, on peut être plus ou moins bon traducteur, mais trahison il y aura toujours. Ben oui, le traducteur n’est pas l’auteur, et l’italien n’est pas le français. Certains termes n’ont pas d’équivalence ; telle phrase sera difficilement compréhensible pour le lecteur VF à moins d’en remanier complètement la tournure ; des idées et concepts inhérents à la culture italienne ne le sont pas forcément à la culture française. Tiens, prends le mot “culaccino” : en italien, ça désigne à la fois l’extrémité d’un saucisson… mais aussi la trace circulaire laissée par un verre ou une tasse sur une table ! Bon courage pour rendre un tel concept en français en un seul mot !
Et c’est ça, le défi qu’on s’est lancé avec Brancalonia : livrer une VF qui fasse ressortir toute “l’italienneté” du texte original en trahissant le moins possible son propos. Pour ça, j’ai travaillé à partir de la version anglaise et de la version italienne. Derrière, on a eu plusieurs consultants en italien pour nous donner des suggestions sur telle ou telle référence, tel ou tel jeu de mot. Ça a été un travail de longue haleine, de croiser les informations sur trois documents différents, mais Gianni, Julien, Thomas et Marie ne se sont pas laissés abattre par l’ampleur de la tâche !
Enfin, dans certains cas, comme il était impossible de traduire certains termes sans embrouiller le lecteur français, on a fait le choix de les conserver en italien. Comme ça on évite la perte de sens due à la traduction, et en plus on renforce l’immersion.

Le financement pour la vf démarrera le 4 janvier prochain, si j’ai bien suivi les news. 
Techniquement, vous en êtes où dans l’avancement du projet ? Selon toi, on pourra espérer avoir tout le matos en 2022 pour lancer nos Canailles sur les routes du Royaume d’Etat-Lie ?

Chacun sa route, chacun son chemin… chacun son rêve, chacun son destin 😃

On est dans les phases finales de relecture/maquettage ! À l’heure où j’écris ces lignes (mardi 28 décembre à 11h50 très précisément), le livre de base est enfin terminé. Le kit de découverte est prêt depuis longtemps, les accessoires sont prêts. Il ne nous reste plus qu’à maquetter le Macaronicon (premier supplément de la gamme) et à le relire. Note que les PDF seront livrés sitôt le financement terminé, à une semaine près (un peu plus pour le Macaronicon, du coup). À moins d’un contrordre indépendant de la volonté du studio (#crisedupapier) tout devrait sortir en 2022.

D’ailleurs, maintenant que l’on parle du financement, j’ai vu que cela concernait un livre de base et un supplément (le Macaronicon, dont tu nous parlais juste au-dessus) ainsi que d’éventuels bonus additionnels… un petit teasing sur le supplément peut-être ?

Ouais ben non… j’y vais pas moi… ou alors vraiment vite fait…

Ah là là, qu’avez-vous tous à demander des infos ! C’est comme si le projet vous intéressait, diantre !
Je ne peux pas trop en révéler à moins de te gâcher la surprise, mais puisque tu insistes… On a préparé de belles choses exclusives à la VF de Brancalonia. Déjà, on vous réserve un petit truc sympa en partenariat avec une chaîne YT. Et ensuite, j’ai hâte qu’on dévoile les cou–aaah, au secours ! Une viloupère enragée m’attaque ! Vite, la réponse à ta question se trouve au château de *glaaargh

Le livre de base de Brancalonia nous propose sept scénarios prêts à jouer (c’est pour le moins généreux ça) et le livret d’initiation un de plus. Ça nous donne le ton de la gamme et des futures sorties (à savoir un jeu à « jouer » plutôt qu’un jeu encyclopédique) ou c’est pour qu’on ait de la matière à disposition en attendant éventuellement des suppléments ?
Et puisqu’on en est là, y’a une suite de prévue ?

Tu as mis le doigt dessus : Brancalonia est pensé pour être prêt à jouer ! Aujourd’hui, on n’a plus le temps de rien. Alors quand ton livre de base te propose des règles, un cadre de campagne ET une campagne prête à jouer, toi, que tu sois une Canaille impatiente ou un Condottiere retors, tu es content, non ? Et quand tu es content, tu… tuuuu…
Ahem. Plus sérieusement, je pense qu’il y a déjà de quoi faire rien qu’avec le kit de découverte et le livre de base. Si ça ne suffit pas, le Macaronicon compte six scénarios supplémentaires. Le dyptique livre de base + Maca est très complet et promet déjà des heures de jeu en perspective.
À terme, on compte également publier d’autres contenus, comme les gazettes qui contiennent des accroches scénaristiques, des profils de monstres, des infos supplémentaires sur le Royaume, etc. Et si ce premier financement est un succès, il y a fort à parier qu’on continuera sur notre lancée en publiant la campagne de jeu The Empire Whacks Back³¹ !

Pour finir, je te cède la parole si tu as quelque chose à ajouter qui te tient à cœur et qu’on aurait négligé jusque-là…

Il est gentil le Vilou à son papa… NAN NAN ! LÂCHE LE BRAS À PAPA !!!

Oui, comme je le disais plus haut avant d’être grossièrement aplati par une viloupère en manque de gratouilles, j’ai hâte qu’on dévoile les couvertures alternatives qu’on a préparées pour le livre de base et le supplément !
En tout cas, merci de m’avoir proposé cette interview ! Et qui sait : dans le futur, peut-être aurons-nous le plaisir d’arpenter la Brancalonie le temps d’une partie ?

Allez, sus aux primes, Canailles !

Bon, tutti va bene… amis truands et bandits de grands chemins, je ne sais pas vous, mais moi ça me dit bien de monter des coups foireux à travers le royaume d’État-lie tout en ayant la maréchaussée aux trousses parce que j’aurais volé un panettone à la mauvaise personne (bien que je ne me fasse pas trop d’illusions quant au fait que finalement ce soit moi qui me colle à la maîtrise du jeu dans mon groupe 😭😭😭). Les souscripteurs des derniers projets du Studio Agate ont eu la chance de recevoir la version imprimée du kit de découverte et les autres pourront bientôt se jeter dessus pour avoir un aperçu de ce que propose cet univers haut en couleur. Donc si vous en avez assez de Greyhawk³² ou voulez oublier un peu les habituels contrées de D&D (bad joke inside), rendez-vous le 4 janvier afin de prendre votre ticket pour la Brancalonie.

Allé, Hue Rossinante, nous avons des baffes à  distribuer et de splendides échecs à mettre en scène… Et bien sûr, merci Arthur pour cet entretien sur le pouce, du coup suis impatient aussi de voir les versions collector, c’est malin (et bravo hein, Madame va bénir ton nom pour m’avoir parlé de ça).

Le lien vers le kit de démo ici

Propos de Arthur Camboly recueillis par David Barthélémy

Notes et Références :

¹ Dragons
² L’Appel de Cthulhu
³ Star Wars
Donjons et Dragons
Studio Agate
Héros & Dragons
Neverland
Brancalonia
Prophecy
¹⁰ 7th Sea
¹¹ Tales from the Loop
¹² Trophy
¹³ Nations de Théah Vol.2
¹⁴ Wizards of the Coast
¹⁵ Eana : univers de jeu de la gamme Dragons du Studio Agate
¹⁶ Portail Ateak : nom de Portails anciens ouvrant sur d’autres plans
¹⁷ City of Mist : Le financement de la VF démarre le 10 janvier
¹⁸ PbtA
¹⁹ Cthulhu Dark
²⁰ Acheron Games
²¹ Sergio Leone
²² Ennio Morricone
²³ Margutte : Géant nain, écuyer de la “Morgante” de Luigi Pulci
²⁴ Malacoda
²⁵ La Divine Comédie
²⁶ Bud Spencer
²⁷ Raiders
²⁸ Terence Hill
²⁹ Trinita
³⁰ Pair Impair
³¹ Empire Whacks Back
³² Greyhawk

Avant la sortie

Entretien avec Fred Boot pour Faerie Noire

Cette ruelle était vraiment crasseuse… Pas le genre d’endroit où j’aurais souhaité finir par bouffer les pissenlits par la racine.
En plus, j’avais oublié de nourrir le chat en partant… quelle chiasse ! Voilà ce qui me passait dans la tête pendant que les pruneaux sifflaient autour de moi, pire qu’un essaim d’abeilles auquel j’aurais voulu piquer son miel.
Tiens, parlons-en de mes oreilles… courtes et pointues (du plus bel effet d’après les quelques minets du quartier qui passaient outre ma « différence » pour prendre du bon temps en ma compagnie contre un peu de flouze), ce sont elles qui m’avaient valu d’être embauchée pour enquêter sur les coucheries d’une Dahue du coin qui avait eu la mauvaise idée de faire des cornes à son Jules (ouais ouais, elle est facile je sais, mais on s’amuse comme on peut dans mon métier), un membre bien placé du réseau Milord, dans ma belle ville de Paris. Bon, belle pour certains, crasseuse et meurtrière pour d’autres…
Les Rejetons font ce qu’ils peuvent pour survivre dans ce monde qui n’est pas fait pour eux et beaucoup virent au mariole après un ou deux revers face à la « justice » humaine. Pour ma part, j’essayais de maintenir un semblant d’honnêteté, mais vous savez ce que c’est, même droite dans ses bottes, quand on bosse principalement pour des Truands… ça finit par déteindre.
Je savais que j’aurais dû rebrousser chemin quand j’ai vu que la mistinguette venait lécher la poire de l’autre cornu Radagast, un irlandais trafiquant de Horse qui monte en puissance sur Saint Denis depuis quelques mois… Mais qu’est-ce que vous voulez, faut bien vivre !
Allez ma poulette, on se secoue et on défouraille ces tocards avant de filer faire un rapport au patron…
Après, il sera bien temps de nourrir ce con de chat en sirotant une petite fée verte…
Métier de con.

Les Rejetons dans toute leur splendeur

Salut Fred¹, alors comme ça, sans prévenir, tu nous sors un jeu complet, même pas en foulancement du jour au lendemain… Qu’est-ce que c’est que ces manières ?

Je sais, j’ai merdé. Je me suis dit fin mai « Allez mon Fredo, faut faire kekchose de ta vie ! » et je me suis lancé dans la création d’un jeu de rôle au lieu de devenir consultant chez LVMH. Résultat : au lieu de rigoler fort quelque part à Dubai entre deux rails de coke, je suis là en train de répondre à une interview pour Culturejdr.

Donc, quand tu ne croques pas un Ben Felten² en quarantaine, la fine équipe de Rôle’n Play³ ou encore tes divers projet bd, tu ourdis des jdr mêlant polar noir et féérie avec ton collègue Johann Krebs⁴… À mi-chemin de Garrett Détective privé⁵ et des Tontons Flingueurs⁶, vous nous pondez Faerie Noire⁷, un jeu qui sent bon le tripot mal famé. Ça vous est venu comment cette idée ?

Polar noir et Fantasy, une belle histoire d’amour

Au départ je voulais faire Ben Felten the RPG mais il avait déjà vendu les droits. Alors je me suis rabattu sur mon plan B, une vieille idée un peu idiote d’il y a quelques années : et si, au lieu de faire parler des persos d’un univers de fantasy comme le quidam de tous les jours, on mettait de la fantasy dans notre culture populaire argotique. J’avais l’intention d’en faire une BD mais ça ne collait pas. En mai j’ai commencé à m’apercevoir qu’en fait il me fallait faire un univers et le faire vivre autrement que par une BD. Et je me suis dit que ce serait marrant de jouer des orcs avec des flingues qui parlent comme Audiard⁸. J’ai commencé à gratter des trucs dessus, puis en discutant de la chose avec l’ami Johann Krebs je lui ai demandé si ça le brancherait de tenter le challenge de faire un jdr complet en 3 mois. Et zoum.

La première fois que j’ai vu tes dessins, c’était dans Mousquetaires de l’ombre⁹, qui était déjà un mix assez étrange d’Alexandre Dumas¹⁰ avec Men in Black¹¹.
C’est assez marrant cette concordance qui fait que au moment où le retour de Château Falkenstein¹² est annoncé par Lapin Marteau¹³, Faerie Noire arrive… Vous avez un lien karmique Brand¹⁴ et toi où c’est un complet hasard de calendrier qui nous vaut deux jeux mettant en scène la féérie dans un contexte « inhabituel » et utilisant des cartes à jouer pour résoudre les actions des personnages ?


Pour comprendre il faut connaître la mère Morel, du Café de Cayeux de Dieppe, qui est aussi voyante. Elle lit le passé et l’avenir dans les écailles des harengs. C’est une longue histoire mais je vais faire court : elle m’a appris que Brand et moi sommes jumeaux cosmiques. Je sais, c’est vache d’apprendre ça alors qu’on en est qu’au quatrième calva de la matinée. Mais hors de question de lui filer mes droits d’auteur sur Faerie Noire. Je tiens à pouvoir au moins m’offrir une Valstar, la bière des stars.

Bon, je n’irai pas par quatre chemins, j’ai adoré la lecture de Faerie Noire, que je trouve à la fois concis et suffisant pour jouer.
On sent toutefois que vous en avez gardé sous le pied et que l’univers mis en place ne demande qu’à s’étoffer (je pense notamment à la Horse, cette drogue pas banale qui circule chez les malfrats ou les relations entre organisations), que ce soit par des suppléments de contexte où une belle campagne, d’autant que vous concluez le bouquin par cette magnifique phrase : Ce livre n’est qu’un début
Une chance que les développements aient droit également à leurs versions papier ou vous misez tout sur le site du jeu pour le suivi ?

Pour ne garder que la subsant… la subtans… la substantifique moelle du monde de Faerie Noire, il a en effet fallu écrire bien plus en amont sur tous les domaines sociaux, artistiques et politiques. Mais surtout sans tomber dans le côté jeu à mystères. Il n’y aura pas de grands secrets à découvrir dans des suppléments. Disons que nous avons assez de choses dans notre chapeau pour créer des histoires. C’est d’ailleurs l’esprit du jeu : développer cette France qui mélange fantasy et films noirs au travers des scénarios à jouer et des fictions. On préfère cette approche aux trucs encyclopédiques ou aux “secrets”. Je crois savoir que ce n’est pas trop la mode en ce moment de faire découvrir un monde via des scénarios, mais tant pis. On est des rebelz’.

Alors, mettons un peu les mains dans le cambouis.
Déjà, niveau ergonomie il y a visiblement eu un gros boulot de fait pour rendre les persos lisibles au maximum, avec l’utilisation de cartes présentant les différents Rejetons ainsi que celles pour les Gagne-Pain (les deux éléments constituant un personnage). C’était une volonté présente dès le début du projet ou vous êtes partis d’un truc à la Rolemaster¹⁵ que vous avez dégraissé, poncé et usiné jusqu’à l’os ?

Avant que Johann ne se joigne à moi, je me disais « Bon alors, je vais prendre quoi comme système ? OSR¹⁶ ? Le vieux truc Chaosium¹⁷ ? ». Tu vois déjà le niveau du mec. Et puis Johann m’a dit « Il faut un système qui colle à cet univers, il doit être aussi parlant que le pitch et le background, indissociable ». Enfin, il ne l’a pas dit aussi bien. Bref. Il continue : « Faudrait… je sais pas… un truc inspiré des dés aux casino… ». Je lui ai dit « Le poker, coco. Le poker ! ». Je me voyais déjà jouer avec le chapeau mou, la cigarette en chocolat au coin du bec, et les cartes en pognes. Johann a bossé sur le système à partir de ça. Il a pondu un bidule élégant, léger, fun, et parfaitement dans l’esprit de l’univers. On l’a testé avec les copains, on a corrigé. Ça s’est très bien passé car lui et moi étions clairs sur ce que nous voulions. Il connaît bien mieux que moi tous les systèmes de jdr, mais nous partageons un même esprit de synthèse. Il fallait un truc qui va tout de suite au fait sans que ce soit froid. Un système « claque dans la gueule », mais avec le sourire. Johann a eu la Grâce.

Ensuite, il y a la magie (ou plutôt, la Sauce) qui bien que présente, me paraît potentiellement mortelle dans son utilisation par (et pour) les joueurs… tu pourrais développer l’intention derrière cet usage « à risque » ?

Oui, la magie dans Faerie Noire est lourde en perte d’énergie vitale. Il fallait là aussi que ça colle à l’univers noir des romans et films qu’on avait en tête. Il y a certes des paliers qui peuvent être très puissants, mais il faut une bonne dose de chance et un max de “points de vie” pour les accomplir.

En parlant de magie, on se doute (doute confirmé à la lecture du scénario en fin d’ouvrage) qu’il sera possible de tomber sur des objets Enchantés, qu’il s’agisse de reliques ou de créations de certains Rejetons (au pif, des Nabots)… Vous avez prévu des règles supplémentaires pour gérer ça ?

En effet, il existe des artefacts. Nous n’avons pas prévu de règles à ce sujet pour l’heure, mais tout est ouvert. Je peux juste dire que pour nous les auteurs, les Rejetons n’ont pas les compétences pour créer des objets magiques, disons que ce n’est pas du tout leur fixette. Mais si un ou une fan en décide autrement, pourquoi pas ? Avec Johann on est très curieux de voir comment les joueurs et les joueuses vont s’approprier notre jeu. Notre plaisir dans le jeu de rôle c’est l’inattendu. On a conçu Faerie Noire dans ce sens : éclatez-vous avec, faîtes-en ce que vous voulez avec vos envies et vos vécus, vraiment.

Vous avez fait le choix de l’indépendance pour sortir Faerie Noire, comme de plus en plus d’auteurs tendent à le faire. Bon déjà, quand un illustrateur fait partie intégrante du projet, c’est tout de suite plus simple, mais au-delà de cette question d’ordre pratico pratique, qu’est-ce qui vous à motivé à tenter l’aventure en solo ?

Je ne vois sincèrement plus trop l’intérêt aujourd’hui de ne pas être indépendants vu les enjeux d’un jeu de rôle. Comme il n’y a pas de retour sur investissement à par le plaisir de le faire et de le voir jouer, et sachant qu’aujourd’hui tous les outils existent pour créer un jeu de A à Z, et bien pourquoi se priver ? Bon, après j’aime bien avoir le contrôle des choses et je travaille mieux et beaucoup plus vite seul ou comme ici en binôme. On a eu la chance d’avoir un petit groupe de joueurs et de relecteurs au poil de martre, vraiment. Et comme tu l’as rappelé, je peux à la fois rédiger, mettre en page et illustrer, donc… Pourquoi serais-je passé par la recherche d’une structure ? En même temps que la création du jeu, je zieutais les options d’impression, les coûts etc. Je savais mon capital en temps et en argent, j’ai fait en sorte que ce jeu entre dedans tout en ayant un maximum de qualité.

Auteur multitâche cherche clé de douze pour resserrer les rotatives

Quand je regarde les crédits du bouquin, je ne vois que les noms des deux auteurs, aucune mention d’une éventuelle structure destinée à soutenir vos productions… Ça voudrait dire que Faerie Noire s’apparente à un coup d’un soir ou vous avez d’autres idées en tête, d’autres thèmes à aborder ?

Perso je suis partant pour rebosser sur un autre jdr avec Johann si un jour les astres se mettent dans la bonne position. Là on va développer des trucs pour le site web de Faerie Noire et le faire vivre au sein de la communauté Discord que nous commençons à réunir. Mais lui et moi sommes un peu anars sur les bords, je pense qu’on aime par-dessus tout se marrer en toute liberté mais sans mal torcher les choses. Faire une structure éditoriale, à part foutre une crotte de logo sur la couv, je ne vois pas ce que ça apporterait.

Pour ce qui est de l’impression des bouquins, je vois que vous avez prévu trois types de formats : pdf, livre à couverture souple dos carré collé et livre version luxe avec couverture dure dos carré cousu… déjà, merci pour le choix, c’est toujours cool, et ensuite j’ai cru comprendre que vous n’envisagiez pas spécialement une présence en boutiques. C’est un choix que vous avez fait purement pour limiter les risques financiers ou ça relève d’une réflexion plus vaste autour de la consommation du jdr aujourd’hui ?

Nous n’avons pas la logistique pour être distribué en boutique, ni le temps d’ailleurs, et on préfère se concentrer sur la vente à distance et le faire bien. Il ne s’agit pas d’un positionnement politique ou militant, pour cette partie nous faisons avec ce que l’on a. Mais encore une fois, à notre petit niveau les enjeux sont faibles, on ne joue pas nos vies. On peut se permettre de vendre tranquillement en ligne, de redonner un peu de boost à certains moments, de ne pas laisser dormir le bouzin. On n’a pas de chiffre d’affaires ni de salariés à payer. On n’a pas misé sur le jeu de rôle pour gagner des pépettes, donc pas de stress.

D’ailleurs, ce marché du jdr, parlons-en… Vous en pensez quoi de cette déferlante qui semble parti pour se maintenir ? Les projets s’enchaînent à une vitesse folle et jamais autant de jeux n’ont vu le jour que ces dernières années. À votre avis, il y a de la place pour tout le monde ou ça va se régler à coup de surin dans les allées sombres au cours des années à venir ?

Alors, les sorties de mars à août c’est fait… Septembre, me voilà !

La surproduction est la question qui se pose aussi dans le domaine de la BD. Perso, j’aime mon époque pour une chose : on peut aujourd’hui sortir un livre, pdf ou papier, très facilement. On se balade avec des terminaux dans nos poches. L’impression numérique a cassé les prix. La création est possible partout, accessible tout le temps. Notre période n’est pas rigolote, mais on vit aussi quasiment toutes et tous avec le potentiel de créer et diffuser des œuvres, du rêve et j’en passe, à chaque instant, 24/7. Donc je trouve ça bien cette profusion de jeux. Je trouve bien de dénicher un petit jeu de John Grümph¹⁸ et de voir un peu plus loin une super couverture de telle donjon et dragonerie en crowdfunding. Je ne me pose pas la question en termes de marché, ce n’est pas ma place. Je ne connais rien au business du jdr, à part les pourcentages d’auteur et les prix pratiqués pour les illustrations. Ce qui m’intéresse c’est la création. La mienne et celle des rôlistes. 🙂

Plutôt satisfaite, la vieille Galibote retourna derrière son rade…
Le dernier pochtron venait de partir et il était temps de se remettre au boulot. Les Irlandais et Milord devenaient vraiment trop entreprenants ces derniers temps et comme ça ne pouvait plus durer, elle avait décidé de prendre les choses en main.
Se saisissant d’un harengs crevé dans le seau rouillé dissimulé sous le comptoir (qui, il faut bien l’admettre, participait beaucoup à l’ambiance rance se dégageant de son établissement), elle prit le temps d’échanger un regard torve avec la bestiole avant de la claquer sur son billot. D’un geste sûr hérité d’une longue pratique, elle trancha la tête et retira les boyaux de la poissecaille avant d’en gratter les écailles, dont elle observa attentivement la disposition à la lumière poussive d’une lampe à pétrole issue d’un autre âge.
Parfait.
La gamine Gravos allait rapporter les coucheries de l’autre traînée au Dahu et déclencherait une magnifique petite guerre de gangs pas piquée des vers. Elle était bien cette petiote. En plus elle aimait les chats. La Mère Morel se frotta les mains de contentement et se fit la promesse de faire livrer un seau de harengs devant la porte de la gamine…
C’était bien la moindre des choses vu le service qu’elle venait de lui rendre sans le savoir, parce-que quand même… on a beau être des Truands, on est pas des bêtes.

Un grand merci à Fred Boot pour ses aimables réponses et ce jeu qu’il est bien 😀

Propos recueillis auprès de Fred Boot par David Barthélémy

Notes et références :

¹ Fred Boot
² Ben Felten, auteur de Donjon & Cie
³ Rôle’n Play
⁴ Johann Krebs : co-auteur de Faerie Noire ou organiste allemand né en 1690 … mais j’ai comme un doute
Garrett Détective Privé
Les Tontons Flingueurs
Faerie Noire
Michel Audiard
Les Mousquetaires de l’Ombre
¹⁰ Château Falkenstein
¹¹ Alexandre Dumas
¹² Men in Black
¹³ Lapin Marteau
¹⁴ Jérôme Brand Larré
¹⁵ Rolemaster
¹⁶ OSR
¹⁷ Chaosium
¹⁸ John Grümph voir dossier Grümph part 1 et 2